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Résumé

Tenter d’inclure le plus de gens possible dans le fonctionnement de nos sociétés passe inévitablement par le fait de penser une architecture physiquement et socialement accessible. Il s’agit donc de favoriser concrètement l’accès à des lieux physiques où se déroulent des activités, mais surtout de trouver un moyen de favoriser une dynamique sociale viable. Et là se situe l’enjeu majeur, car créer une « architecture sociale » permettant l’inclusion de tous et chacun nécessite de dépasser l’habituel modus operandi des protocoles gouvernementaux ou, encore, des guides de « bonnes pratiques », si chers aux organisations contemporaines. En fait, inclure tous et chacun signifie de penser aux personnes ayant des différences de tous les types, tout en considérant dans le calcul que le plus grand obstacle à l’inclusion sociale est ceux qui accueillent la différence. Nous tenons à souligner immédiatement ce point, car il s’agit du cœur de notre propos : avant la réception d’une personne différente, les gens d’un milieu social donné appréhendent de se retrouver face à une différence, c’est-à-dire qu’il y a comme une idée de la différence préalablement tapie dans l’ombre, telle une réminiscence à laquelle personne ne pense être vraiment confrontée un jour ou l’autre, et qui mobilise toute une gamme d’émotions créant des résistances à l’intégration et à l’inclusion.

table des matières

Citer cet article
Bernard Olivier (2023), « Les mécanismes de résistance à l’accessibilité. Essai de sociologie sur les représentations sociales de la différence », éds. François Routhier et Pierre Faser, in Sociologie Visuelle, vol. 3, n° 3, Québec : Éditions Photo|Société.

Production et réalisation des vidéos
– Concept : François Routhier
– Production : Cirris et PSVI
– Réalisation : Pierre Fraser
– Captation : Photo|Société
– Coordination : Joëlle Dufour et Anne-Julie Asselin

Les frontières qu’érige la culture

Dans l’imaginaire collectif de nos sociétés, quand on pense à l’inclusion et à l’acceptabilité sociale, les handicaps physiques ou mentaux sont assurément les premiers cas de figure qui nous viennent en tête. Or, la réalité est beaucoup plus complexe que cela. D’un point de vue anthropo-sociologique, la différence se conçoit par le concept de culture, c’est-à-dire ce qui est appris, produit, créé et partagé par les membres de la société. C’est ce qui guide les comportements des individus et leur permet d’interpréter leurs propres expériences quotidiennes. Pour une personne, cela s’exprime par une manière d’être à l’aise de partager ses réflexions avec les gens de son entourage parce qu’elle anticipe que les autres possèdent, dans une certaine mesure, des expériences de vie et des idées similaires ou communes. Conséquemment, anticiper de rencontrer des gens qui sont différents engendre l’appréhension de ne plus être dans cette zone de confort de la culture commune, dit aussi le « lieu commun » par Fernand Dumont1.

La surdité, la cécité, la paraplégie, la maladie mentale ne sont que des exemples qui représentent des défis de vie pour ceux touchés par ces conditions, cela va de soi. En revanche, ce qui est commun à tous est de faire face à des groupes de personnes qui les jugent comme différentes. À bien des égards, les adultes n’ont pas perdu leur aptitude plutôt craintive d’enfant de cours d’école lorsqu’ils se retrouvent devant une personne différente. Pour les enfants, les comportements blessants et belliqueux sont un mécanisme de défense. Une fois adulte, les sentiments de craintes sont toujours présents, mais s’expriment autrement selon les milieux socioéconomiques et professionnels. Bien entendu, l’éthique, la morale, la bienséance et le politiquement correct commandent aujourd’hui aux citoyens d’être accueillant et inclusif envers ceux qui présentent des différences. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’une norme sociale formelle dicte un comportement à adopter que le désir individuel de chacun est constamment en accord avec cette norme en toutes circonstances, et cela, parce que peu importe les formations, les préparations psychologiques ou les protocoles mis en place, un individu n’est jamais totalement préparé à affronter ses propres préjugés.

D’ailleurs, qui peut vraiment dire qu’il n’a pas de préjugé envers une différence qu’il n’a jamais rencontrée ? Tous ceux qui ont fait l’expérience de tomber nez à nez pour la première fois avec, par exemple, un itinérant ou une personne en situation de handicap, savent qu’il y a un stress à gérer et qu’à ce moment précis leur comportement ne ressemble pas tout à fait ce qu’il imaginait, souvent moins empathique qu’il ne l’aurait souhaité. Cela signifie que même la meilleure des intentions peut être happée par la réalité de la différence. Ce stress, ressenti comme un inconfort, peut être déclenché par toute une déclinaison de comportements culturels : la manière d’aborder les gens​, de saluer, de respecter la ​hiérarchie et l’autorité, d’anticiper les ​tabous, de faire de​ l’humour​, de structurer la famille et les relations amoureuses, d’organiser l’espace de vie et de travail, de considérer les personnes âgées​, les relations hommes-femmes​, adultes-enfants​, homosexuelles, de valoriser les cadeaux et les pourboires, de donner une signification à la nourriture, de tolérer la propreté et les odeurs​, de considérer la distance sociale​, de percevoir le temps et la ponctualité, de respecter ou de tolérer les croyances​ (religieuses ou non), de concevoir le concept de sécurité, de prévention ou de santé, de s’exprimer dans le verbal​ et le non-verbal, etc.

Ce rapport à la différence se retrouve dans tous les types de sociétés. Et même si ce lieu commun qu’est la culture varie d’une société à l’autre, elle demeure un rempart envers les différences. Ainsi, tous les groupes d’individus sont susceptibles d’être réfractaires aux caractéristiques qui semblent détonner avec leurs propres habitudes culturelles. Et c’est cette résistance même qui peut devenir un frein à l’accessibilité, précisément parce qu’elle engendre des mécanismes d’exclusion sociale rendant certains groupes de nos sociétés antipathiques à la différence.

table des matières

Les résistances à l’accessibilité :
les mécanismes d’exclusion sociale

Les représentations sociales
de la différence : les préjugées

Dans la réalité concrète des personnes en voie d’inclusion sociale et d’accessibilité, les mécanismes d’exclusion peuvent prendre différentes formes : préjugés, stéréotypes, discrimination, ethnocentrisme, ségrégation, racisme, xénophobie. Précisons toutefois que tous les mécanismes d’exclusion ont en commun d’être construit sur un préjugé, notamment parce que le préjugé a pour fonction, au risque de nous répéter, de mettre des frontières qui identifient les critères potentiels d’acceptabilité et d’inclusion des membres du groupe au sein d’une culture donnée. Notre compréhension du phénomène rejoint celle du Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion sociale : « Les préjugés sont une forme de représentations sociales foncièrement méprisante, basée sur des généralisations à outrance, dépeignant un groupe de manière péjorative, et qui contribuent systématiquement à des mécanismes d’exclusion et à une violence symbolique et endémique contre ceux qui en font l’objet4 » (Bernard, Lizotte et Marois, 2020).

Précisions aussi que les représentations sociales sont « une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social5 » (Jodelet, 1989 : 36). Les représentations sociales sont généralement reconnues comme des systèmes d’interprétation qui orientent et organisent les communications sociales, la diffusion et l’assimilation des connaissances6 (Jodelet, 1994). En tant que représentations sociales, les préjugés permettent de véhiculer tout un imaginaire concernant les personnes qui présentent des différences physiques et culturelles.

Il existe cinq grands préjugés, ou représentations sociales, qui entretiennent la résistance à l’accessibilité et l’inclusion7 (Bernard, Lizotte et Marois, 2020). Par souci de vulgarisation, nous reprendrons les mots qui sont habituellement utilisés par les acteurs sociaux lorsqu’ils sont en mode « préjugés ». Il est aussi à noter que la somme de ces représentations sociales n’est jamais présente en totalité pour décrire une personne victime de préjugés. Il s’agit d’un répertoire de thèmes qui a été construit pour montrer un ensemble idéal typique. Les voici en rafale :

  • l’irresponsabilité : « Ils ne sont pas capables de se prendre en main », « Ils ont une mauvaise éthique de travail », « Ils n’assument pas leurs responsabilités » ;
  • l’incompétence : « Ils sont incompétents », « Ils travaillent mal », « Ils sont stupides » ;
  • l’oisiveté : « Ils sont paresseux », « Ils sont trop confortables sur l’aide sociale. Ils se la coulent douce », « C’est de leur faute s’ils sont pauvres, ils ne veulent pas travailler » ;
  • l’immoralité : « On ne peut pas leur faire confiance… ils sont des crosseurs », « Ils font des enfants pour pouvoir retirer du bien-être », « Ils aiment trop la boisson, les cigarettes et les drogues » ;
  • l’impureté : « Ils sont sales », « Ils sont laids », « Ils sont dégueulasses ».

Ces discours disgracieux sont rarement dévoilés directement aux personnes concernées. En fait, les préjugés exprimés verbalement ne constituent que la pointe de l’iceberg. Une série d’autres moyens sont utilisés pour les transmettre. Par exemple, des regards désobligeants peuvent être lancés, des grimaces, ou autres mimiques accusatrices ; adopter un ton de voix incriminant ; user de rires moqueurs ; ignorer volontairement une personne ; traiter autrui avec impatience ; dénoncer de manière répétitive et abusive une personne auprès d’un supérieur (call check) ; diffamer une personne dans des documents officiels (dossier médical, formulaire).

Évidemment, il y a des conséquences à l’exclusion, mais ce ne sont pas toujours celles auxquelles nous pourrions penser. Une personne n’est pas obligée d’en faire l’objet dans l’immédiat pour en ressentir les conséquences. Il est commun d’appréhender les préjugés avant même d’en faire l’objet. Des personnes évitent et reportent des rencontres avec des agents de soutien financier, des médecins et des psychologues afin d’éviter de s’exposer aux préjugés. La violence symbolique des préjugés est suffisamment importante que nombreux sont prêts à se priver matériellement pendant de longue durée pour s’en épargner. Les préjugés peuvent aussi se faire ressentir bien après en avoir fait l’objet. À force de subir des préjugés, les personnes finissent par les anticiper et par adopter de nouveaux comportements afin de les éviter. C’est ainsi que les personnes arrivent éventuellement à ressentir des préjugés, même si personne ne les a récemment méprisées ou dévisagées. La conséquence la plus troublante des préjugés comme mécanisme d’exclusion est lorsqu’un individu finit par intérioriser les préjugés au point de perdre de vue son propre pouvoir d’action (agentivité) et de s’exclure lui-même.

Autrement, lorsque des personnes entrent dans un processus officiel d’accessibilité et d’inclusion sociale, des agents sont assignés, mandatés et mobilisés pour les aider à cheminer. Cependant, il y a des circonstances qui peuvent aussi mener ces agents à user de préjugés pouvant nuire aux personnes qu’ils tentent justement d’accompagner. Dans la majorité des cas, ce ne sont pas des actes de mauvaise foi, car ils savent d’expérience professionnelle que l’exclusion a plusieurs visages. Chez les agents accompagnateurs, les préjugés peuvent apparaître sous plusieurs formes :

  • Dissonance cognitive : Certains professionnels peuvent devenir, malgré eux, les représentants des préjugés de la population, la plupart du temps sans rapport avec leurs valeurs personnelles. À ce moment, des acteurs comme les intervenants sociaux, les ambulanciers, les policiers peuvent se sentir entre l’arbre et l’écorce lorsqu’ils font leur devoir. Ils reçoivent de la pression à la fois explicite et implicite pour intervenir auprès de personnes vivant des différences. Un professionnel sans préjugé peut donc ressentir une pression sous forme de dilemme moral en faisant simplement son travail. Par extension, cette pression peut facilement être mal interprétée comme un « droit » pour certains professionnels de prendre action à partir de préjugés personnels.
  • L’indignation : Il existe une ambivalence dans la manière de percevoir les personnes ayant des différences, à savoir s’ils méritent leur sort ou s’ils en sont la victime. Évidemment, il s’agit d’un jugement qui relève de la perception du professionnel, un jugement qui n’a pas sa place dans tout type de relation d’aide. Toutefois, la vision des « mauvaises personnes qui méritent leur malheur » persiste habituellement à cause de réalités qui heurtent trop fortement les valeurs personnelles des professionnels. Par exemple, un professionnel pourrait ressentir une forte indignation face à une mère qui prostitue sa propre fille.
  • Les frustrations : Travailler auprès d’une population défavorisée est un défi qui aiguise (et parfois épuise) la patience, l’empathie et la contenance de soi. Les interventions souvent répétées par les professionnels ne changent pas forcément les comportements visés et n’améliorent pas nécessairement la condition de vie des gens, ce qui apporte son lot de frustrations. Quand le refoulement de frustration est trop élevé, le risque d’usage des préjugés augmente (soupape de pression), tel un mécanisme exutoire.
  • L’usure de compassion : La plupart du temps, les professionnels font montre d’empathie, de compréhension et de jugements moraux constructifs relatif à leur mandat. Cependant, il arrive que les professionnels ressentent l’usure de la compassion. Cette usure se comprend comme une démoralisation généralisée à force d’intervenir dans les pires situations et d’observer les difficultés que les gens éprouvent à sortir de leur situation. Par exemple, cette usure peut mener à des réflexions de découragement : « mon intervention ne sert à rien, ils retournent toujours dans leur situation difficile ! ».
  • Les rituels de clan : Comme pour tous êtres humains, les professionnels sont des animaux sociaux. Dans la majorité des milieux professionnels, il existe des discours de connivence, soit des pensées disgracieuses empreintes de préjugés, qui servent de discours exutoire en dehors des contextes formels de travail. Il s’agit souvent d’un humour noir qui peut banaliser des conditions de vie difficile rencontrées lors d’intervention. Cela a pour fonction de dédramatiser la nature difficile des interventions, une sorte de rituel de clan, voire de thérapie, pour reconnaître que chacun fait face à l’adversité. Le fait que ces pensées et commentaires peuvent exister, de manière circonstanciel, n’empêche pas les professionnels de faire leur devoir. Néanmoins, il demeure inconvenant de faire allusion à ce répertoire d’humour, qui est de plus en plus relégué à l’index.

Il ne faut pas omettre que les personnes vivant des différences peuvent également nourrir des préjugés contre les professionnels et aussi tenir des propos insultants et injurieux. Par exemple, des policiers peuvent être qualifiés de paresseux et corrompus ou des médecins accusés d’être hautains avec leurs patients. Dans ces situations, le défi des professionnels consiste à ne pas sombrer dans la vengeance du talion, c’est-à-dire répondre par d’autres préjugés.

Concrètement, les préjugés se fondent sur un jugement inconsidéré et irrationnel d’une personne en vertu de son appartenance à un groupe8 (Allport et al., 1954). Habituellement, ils servent à juger une personne avant même de la connaître en imposant des idées préconçues concernant sa personnalité, ses comportements, ses opinions et ses expériences. Les préjugés, comme toutes autres représentations sociales, se rattachent à des schèmes de pensées et de valeurs qui défendent une manière de voir et de se comporter. Et l’indice le plus utilisé pour porter des jugements est sans aucun doute l’apparence.

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5 Bernard O., Lizotte M., Marois A. (2020), Les préjugés à l’égard des personnes en situation de pauvreté et leurs impacts sur l’exclusion sociale au Québec. Département de sociologie à l’Université Laval, École d’études sociologiques et anthropologique à l’Université d’Ottawa et Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion sociale (CEPE), (Québec) Canada. 137 pages.

6 Jodelet D. (1994), Représentations sociales : un domaine en expansion, dans Jodelet Denise, Les représentations sociales (p. 31-61), Paris : Presses Universitaire de France (PUF).

7 Bernard O., Lizotte M., Marois A. (2020), Les préjugés à l’égard des personnes en situation de pauvreté et leurs impacts sur l’exclusion sociale au Québec. Département de sociologie à l’Université Laval, École d’études sociologiques et anthropologique à l’Université d’Ottawa et Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion sociale (CEPE), (Québec) Canada. 137 pages.

Conclusion
La représentation sociale
idéale est un frein à l’inclusion

Avant de réitérer les effets des préjugés sur autrui, il est bon de rappeler que les jugements que nous portons sur notre propre apparence sont la plupart du temps très sévères. De plus, à l’ère des sociétés contemporaines, la personne est souvent réduite à ce qu’elle produit comme image d’elle-même9 (Bernard, 2021). Bien entendu, l’entité humaine n’est pas qu’une image, mais cette dernière est maintenant considérée comme une donnée essentielle dans le jugement d’autrui, en grande partie en raison de la rapidité de nos interactions sociales dans la gestion des nombreux liens à entretenir face à une multitude de réseaux sociaux et au développement des technologies de l’information10 (Rosa, 2010 ; Castells, 2001). Cela ne signifie pas que l’image n’était pas importante antérieurement pour juger autrui, mais la place qu’elle occupe est plus prépondérante aujourd’hui. Dans ses interactions, l’individu est donc souvent réduit à l’image d’un corps, en l’occurrence le sien, faute de temps. L’image de soi devient le raccourci par lequel l’individu existe et se reconstruit aux yeux des autres.

Par exemple, l’image qu’une personne a d’elle-même est en réalité une combinaison interactive entre une référence idéelle, le jugement de son reflet dans le miroir et ce qu’elle interprète du regard des autres sur cette même apparence. Cette combinaison a des effets déterminants sur l’attitude d’un individu11 (Vallerand et Losier, 1994). Il le ressent jusque dans son corps. En fait, la représentation de la posture à laquelle une personne s’identifie possède une grande importance. L’attitude engendrée par l’image de référence conditionne plusieurs muscles qui organisent le tonus du corps12 (Harvey, 2013), et invariablement associée à un modèle, cette image de référence constitue la quintessence d’une motivation qui est celle à laquelle la personne souhaite ressembler. Lorsqu’une personne a une bonne image d’elle-même, c’est que son attitude montre qu’elle s’est rapprochée considérablement de son image idéale, au départ véhiculée par les médias et construite par les codes de sa culture. En l’occurrence, les technologies de l’information et de la communication sont des extensions de notre corps, des extensions pour voir, entendre, sentir et penser, faisant de nous, en quelque sorte, des spectateurs participatifs.

L’expression corporelle, quant à elle, est affaire de culture et de génération avec ses propres codes. L’interprétation de l’attitude, des mouvements et des apparats demeurent des références qui relèvent d’un imaginaire partagé. Ce qui marque une génération dans la manière d’apprécier un corps viendra teinter le désir de valoriser cette même interprétation. Ainsi, valoriser ou dénigrer une apparence, c’est surtout protéger ce qui a été intégré à un moment charnière du parcours identitaire, soit des valeurs, un groupe d’appartenance, un attachement à des souvenirs significatifs. L’attachement de chacun à ses valeurs poussent les contemporains à porter des jugements sur leur propre corps, mais aussi sur celui des autres.

Autrement dit, les personnes qui affichent une différence physique et/ou culturelle vivent nécessairement des difficultés d’intégrations, notamment parce qu’ils sont conscients qu’ils ne s’approchent que difficilement du modèle idéal partagé par la majorité des groupes qu’ils tentent d’intégrer, mais aussi parce que ces derniers activent des mécanismes culturels de défense en rapport avec la conservation de l’identité du groupe. Le jugement hâtif des apparences peut être le résultat d’un apprentissage, d’une éducation ou d’une socialisation, mais il existe essentiellement pour maintenir la peur du danger face à l’inconnu. On peut apprendre à craindre des symboles ou des signes distinctifs, mais c’est l’anticipation des risques liés aux signes qui motive le jugement. Prise dans un paradoxe tautologique, la crainte de l’inconnu se trouve plus dans la reproduction des préjugés, des clichés et des stéréotypes et moins dans les actions de ceux qui sont considérés comme différents. Ceux qui côtoient les personnes qui affichent des différences constatent finalement que ces dernières sont comme eux, avec des sentiments et des appréhensions similaires.

L’utilisation des préjugés est alors un raccourci qui permet de catégoriser et de classer rapidement un individu afin de prendre une décision et d’adopter une attitude dans un contexte précis. Les préjugés sont donc des cas de défense des valeurs socialement admises, des occasions de rappeler aux autres les peurs qui constituent les contours ou les frontières de ce qui est à protéger. C’est-à-dire que les individus perpétuent et socialisent les peurs qu’ils ont intégrées pour ne pas souffrir des regards accusateurs de leurs semblables. Ce mécanisme de protection fait partie intégrante de la culture de toute société, car ce qui se situe à l’extérieur des normes sociales informellement admises (ce qui n’est pas dit en public mais idéologiquement partagé par les groupes dominants à différents points de vue) est considéré comme marginal, déviant, différent et, de facto, exclu. Comme nous le disions plus haut, il est possible de parler de ce mécanisme en termes de rapport de force entre les groupes. Sans entrer dans les méandres théoriques de Michel Foucault, il faut se rappeler que ce rapport culturel à la différence est inhérent à l’espèce humaine et que peu importe les groupes en contacts, il y aura constamment, et de manière itérative, des enjeux de déconstruction des préjugés.

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Bibliographie

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