La censure littéraire au Québec, du XIXe siècle à aujourd’hui

Vidéo principale

Synopsis

Depuis 2010, au Québec, avec la montée du courant néoprogressiste, certains auteurs, artistes et personnalités publiques ont été « cancelés » ou critiqués en raison de déclarations ou de positions considérées comme offensantes ou inacceptables. Si certains intellectuels ont dénoncé ces réactions comme une forme de censure culturelle qui entrave la liberté d’expression, d’autres ont plutôt soutenu que cette censure est nécessaire pour lutter contre les discriminations systémiques et les injustices sociales afin de promouvoir l’égalité, l’inclusion et la diversité.

Balado (podcast)

Henri Cartier-Bresson, mise en pratique (2)

Dans quelle mesure Henri Cartier-Bresson a-t-il été influencé par le mouvement surréaliste pour élaborer le concept de «l’instant décisif» ? Telle est la question que l’un de mes étudiants m’avait posé quelques jours avant une journée consacrée à la prise de photos sur le terrain dans le cadre du cours «Sociologie Visuelle» que j’enseignais à l’Université Laval. Il est tout à fait plausible d’avancer l’idée qu’Henri Cartier-Bresson a été fortement influencé par le mouvement surréaliste dans l’élaboration de son concept de «l’instant décisif». Pourquoi ? Parce que le surréalisme mettait l’accent sur l’importance de saisir les moments imprévus et surprenants de la vie quotidienne, idée reprise par Cartier-Bresson dans sa propre approche photographique. Également inspiré par les idées surréalistes sur la correspondance entre les choses et les événements, Cartier-Bresson a ainsi aligné sa recherche de relations visuelles et significatives dans ses propositions visuelles.

Cette volonté de Cartier-Bresson à mettre en valeur l’importance de capturer des moments uniques et significatifs n’est pas anodine en ce qui concerne la pratique de la sociologie visuelle, car l’instant décisif peut effectivement mener à montrer des situations sociales contrastées. Par exemple, la photo de gauche, représentant un homme qui quémande un repas, tout comme la vidéo ci-dessous, sont significatives en ce sens [lire la suite].

Henri Cartier-Bresson, mise en pratique (1)

Mur de Berlin, Berlin ouest, Allemagne, 1962
tirage argentique, image/feuille : 29.9 x 19.6 cm. (11 ¾ x 7 ¾ in.)
Collection Charles-Henri Favrod, Suisse
© Henri Cartier-Bresson

Mes étudiants me demandaient parfois, dans le cadre du cours «Sociologie Visuelle» que j’enseignais à l’Université Laval, si la photographie d’Henri Cartier-Bresson pouvait être qualifiée de sociologique ? En fait, si la pratique photographique de Cartier-Bresson a souvent été considérée comme étant influencée par la sociologie, en raison de son intérêt pour la capture de moments quotidiens et de scènes de la vie quotidienne, il est peut-être plus approprié de dire que sa photographie reflète des préoccupations sociologiques plutôt que d’être qualifiée de sociologique, puisque Cartier-Bresson n’a pas explicitement étudié la sociologie.

Toutefois, faut-il ici préciser que Cartier-Bresson a fortement été influencé par le mouvement surréaliste et le concept de «l’instant décisif» qui met en valeur l’importance de capturer des moments uniques et significatifs. Et la chose n’est pas anodine en ce qui concerne la pratique de la sociologie visuelle, car l’instant décisif peut effectivement mener à montrer des situations sociales contrastées. Par exemple, la photo ci-dessous, représentant une femme et un chien assis à une table de bistro, représente bien cet instant décisif qui souligne en même temps une certaine position sur le gradient social [lire la suite].

Selfie en mode touriste

© Olivier Moisan-Dufour, 2016

À Québec, chaque année, l’industrie du tourisme amène plusieurs groupes en provenance de différents pays. Les touristes asiatiques, bardés d’appareils photographiques de toutes sortes, se démarquent tout particulièrement, et les touristes japonais ne sont pas en reste. Non seulement les voit-on prendre de grandes quantités de photos, mais il est aussi intéressant de constater à quel point ils s’investissent dans le selfie. C’est donc ce phénomène que l’artiste Olivier Moisan-Dufour a voulu montrer à travers cette séquence de photos prises dans les environs de la Terrasse Dufferin attenante au Château Frontenac situé dans le Vieux-Québec.

Comme la photographie fait inévitablement partie d’un voyage, qu’elle le documente en quelque sorte, Olivier a tenté de mettre en exergue les attitudes et les postures du corps du touriste dans sa quête de la « bonne » photo qui enrichira à souhait les souvenirs personnels et familiaux. Et sa position, à ce sujet, va comme suit : « la photographie permet de documenter un voyage, et elle le fait sur le mode de la différenciation par rapport à la culture d’origine du touriste. Elle montre les différences culturelles, en précise le pittoresque ainsi que son côté singulier et spécial, souligne les différences architecturales, saisit la nature dans tout ce qu’elle a de dissemblable, de distinct, d’original et de particulier. » Avec les appareils numériques, de plus en plus performants et de plus en plus accessibles, il faut se rendre à une évidence : le monde est actuellement de plus en plus visuellement documenté.

Et ce monde visuellement documenté agit aussi comme soi en toile de fond. Si le touriste d’avant le téléphone intelligent ne se mettait pas lui-même en scène, voilà que ce dernier rend désormais possible le fait de s’incruster soi-même dans la trame visuelle d’une autre société. Tout ceci n’est pas anodin, car c’est aussi une nouvelle façon d’exister en montrant à son cercle d’amis, dans l’instantané, à travers les réseaux sociaux que l’on fait aussi quelque chose de passionnant de sa vie.

Partant de là, il devient possible d’accéder par procuration à la vie de certaines personnes à travers les images qu’elles ont publiées, nous donnant ainsi accès à leur niveau de popularité quantifié en mentions « J’aime ». D’ailleurs, la photographie de gauche et celle ci-dessous rendent bien compte de ce phénomène. Elles sont la démonstration éclatante du double selfie, c’est-à-dire photographier celle qui prend un selfie (la touriste de gauche) tout en se voyant soi-même (la touriste de droite) dans le téléphone intelligent de la touriste de gauche. C’est l’ultime selfie, l’ultime représentation de soi-même, se tenir par la main dans une position quelque peu inconfortable pour photographier celle qui prend un selfie afin d’avoir un effet de contre-plongée de soi-même.

© Photo : Olivier Moisan-Dufour, 2016
© Texte : Olivier Moisan-Dufour et Pierre Fraser, 2022

Le parcours de la poésie québécoise

Pierre Nepveu, spécialiste de la poésie québécoise, relate ici le parcours de cette poésie qui s’est moulée, depuis le XVIIIe siècle, aux changements sociaux, culturels et politiques d’une société à l’origine fortement imprégnée de catholicisme et qui s’est profondément transformée vers une société de plus en plus laïque depuis la Révolution tranquille. Si la poésie québécoise a connu une évolution riche et complexe au cours des siècles, elle a aussi été un véhicule pour exprimer les revendications, les aspirations et les valeurs de la société québécoise

Synopsis

Tout au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les poètes canadiens français se sont surtout investis dans l’écriture de poèmes religieux et d’odes patriotiques célébrant les valeurs et les traditions chrétiennes. À partir du XIXe siècle, la poésie au Québec se renouvelle avec l’apparition de poètes tels qu’Octave Crémazie et Émile Nelligan qui commencent à explorer des thèmes plus personnels et à utiliser des formes poétiques moins contraignantes. Au cours des années 1920 et 1930, une certaine révolution poétique est en marche avec l’arrivée de la poésie moderne, introduisant dès lors des formes poétiques plus libres et des thèmes plus expérimentaux. Les poètes de cette période explorent des thèmes tels que l’amour, la nature, la mort et la religion, avec une plus grande liberté, se dégageant ainsi d’un certain formalisme. Au cours des dernières décennies, la poésie au Québec a continué à évoluer, avec des poètes qui ont exploré des thèmes tels que l’identité, la culture, la politique et la nature. Il y a également eu un intérêt croissant pour la poésie écrite par des auteurs autochtones et immigrants, qui ont apporté de nouvelles perspectives et de nouvelles voix à la scène poétique québécoise.

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Littérature autochtone au Québec

Au cours des dernières décennies, il y a eu un développement continu de la littérature autochtone au Québec, avec des auteurs issus des Premières Nations de plus en plus présents sur la scène littéraire. Il y a également eu un intérêt croissant pour les œuvres autochtones par les lecteurs et les critiques littéraires, avec des reconnaissances et des prix littéraires décernés à des auteurs autochtones.

Synopsis

Au cours des dernières décennies, il y a eu un développement continu de la littérature autochtone au Québec, avec des auteurs issus des Premières Nations de plus en plus présents sur la scène littéraire. Il y a également eu un intérêt croissant pour les œuvres autochtones par les lecteurs et les critiques littéraires, avec des reconnaissances et des prix littéraires décernés à des auteurs autochtones. Il est important de noter que la littérature autochtone est diverse, riche et complexe, et qu’elle reflète les multiples perspectives et expériences des peuples autochtones du Québec. Il y a une multitude d’écrits autochtones, depuis les récits de vie, la poésie, la prose-fiction, la bande dessinée, les textes scéniques, les récits oraux traduits en écrits, etc. Cette littérature est un moyen de transmettre les histoires, les traditions, les valeurs et les croyances des peuples autochtones, et de les partager avec un public plus élargi.

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Censure littéraire au Québec

Pierre Hébert trace ici le parcours de la censure littéraire au Québec qui a connu différentes phases depuis le XIXe du siècle jusqu’à aujourd’hui de forte pression pour censurer certains livres. Et si on pensait que cette censure a prix fin avec la Révolution tranquille, on se retrompe grandement, car elle est de retour en force depuis le début des années 2010 avec le courant néo-progressiste.

Synopsis

Du début du XXe siècle jusqu’aux années 1960, les autorités religieuses ont exercé une forte pression pour censurer les livres considérés comme immoraux ou subversifs, mais les intellectuels et les écrivains ont défendu la liberté d’expression et ont fortement critiqué cette censure. Depuis les années 1970, la censure littéraire au Québec a considérablement diminué, couplée à une plus grande tolérance envers les idées et les points de vue différents, sauf dans les cas où des livres ont été censurés ou bannis, généralement pour des raisons de contenu violent ou haineux. Depuis 2010, au Québec, avec la montée du courant néo-progressiste (wokisme), certains auteurs, artistes et personnalités publiques ont été «cancelés» ou critiqués en raison de déclarations ou de positions désormais considérées comme offensantes ou inacceptables. Si certains intellectuels ont dénoncé ces réactions comme une forme de censure culturelle qui entrave la liberté d’expression, d’autres ont plutôt soutenu que cette censure est nécessaire afin de promouvoir l’égalité, l’inclusion et la diversité.

Vidéos de cette série

Du paddle board au pédalo ou au kayak, personne n’est laissé de côté

Synopsis

Jacques Laberge, ARLPH 03

Résumé du projet de recherche

De manière générale, les gestionnaires qui évoluent dans le milieu du loisir savent que l’organisation d’une activité de loisirs est une tâche qui nécessite une analyse complexe et qui doit tenir compte d’une variété de facteurs. Non seulement faut-il tenir compte des tendances actuelles, mais également du moment où l’activité sera offerte, l’endroit où elle se tiendra, et des coûts demandés aux participants. La complexité de cette analyse est toutefois accentuée lorsqu’il s’agit d’activités offertes et adaptées aux personnes handicapées.

Concept original : François Routhier
Réalisation : Pierre Fraser
Captation : Photo|Société
Coordination : Joëlle Dufour
Intervenant : Jacques Laberge (dir. régional ARLPH, Capitale nationale)
Production : PSVI + Cirris + Revue Sociologie Visuelle

© PSVI, 2023

Penser l’accessibilité (la série documentaire)

Au Québec, le rôle d’une ARLPH est de promouvoir et de participer au développement du loisir des personnes handicapées en favorisant leur participation sociale. Dans la Capitale nationale, sous l’égide de Jacques Laberge, différentes activités de plein air et d’autres à caractère culturel sont organisées par l’ARLPH 03 tout au cours de l’année. Un après-midi au Lac Simon (24 septembre 2022) est représentatif de cette participation sociale et de l’inclusion à laquelle tend l’ARLPH. Du paddle board à des activités de coordination physique, en passant par le tir à l’arc, le pédalo et le kayak, personne n’est laissée de côté.

La mission de l’ARLPH est donc de promouvoir le droit à un loisir de qualité, c’est à dire un loisir éducatif, sécuritaire, valorisant et de détente, la participation et la libre expression de la personne face à son loisir, l’accès à tous les champs d’application du loisir (tourisme, plein air, sport et activité physique, loisir scientifique, socio-éducatif et socioculturel).

Comment la photographie peut-elle rendre compte des réalités sociales ?

La photo que je prends aujourd’hui a-t-elle une quelconque valeur du point de vue sociologique, c’est-à-dire sa capacité à rendre compte d’une quelconque réalité sociale ? Par définition, la majorité des photos que nous prenons en contexte social ont une valeur sociologique. Par exemple, une photo prise il y a quelques années ou quelques décennies peut révéler beaucoup sur le contexte social d’une certaine époque. Une fête familiale, un événement sportif, culturel, religieux ou autre, nous renseigne sur la nature des interactions sociales, les normes culturelles, les relations de pouvoir, la façon dont les gens communiquent à travers leurs postures vestimentaires ou corporelles, etc. La photographie peut également être utilisée pour étudier la construction de l’identité, thème cher à notre époque où la fluidité corporelle dissocie le genre des organes génitaux donnés à la naissance.

On peut donc dire que la sociologie visuelle vise avant tout à accroître le pouvoir analytique des données visuelles par un engagement critique avec les pratiques visuelles de la vie quotidienne. De cette façon, la sociologie visuelle est l’application de méthodes visuelles à la recherche et à l’enquête sociologiques. Ce faisant, les sociologues intéressés par la dimension visuelle s’efforcent de créer de nouvelles façons d’enquêter sur la vie sociale et de développer de nouvelles propositions théoriques. En ce sens La sociologie visuelle concerne la construction d’images pour expliquer les phénomènes sociaux. Il s’agit d’un domaine relativement nouveau de la sociologie qui utilise des photographies et d’autres images pour étudier et expliquer les tendances sociales, les comportements et les idées.

Ainsi, la première photo de gauche, prise dans un marché public, révèle en partie l’appartenance à une certaine classe sociale de cette personne qui examine un sachet de chocolat de 250 gr. valant au bas mot 7,50 $. Elle a la possibilité de choisir ce qu’elle désire acheter. À l’inverse, la seconde photo, prise dans une banque alimentaire, révèle l’appartenance à une classe sociale moins nantie, où il n’est pas question de choisir ce que l’on veut acheter, mais bien de choisir ce qui est rendu gratuitement disponible par ceux qui ont récolté de la nourriture auprès d’épiceries ou de supermarchés.

En somme, la photographie nous aide à comprendre comment le visuel peut façonner nos perceptions du monde.

© Pierre Fraser (PhD), texte et photos, 2022

Fin de vie

Dans la présente démarche photographique, il est tout d’abord question de rendre compte de la représentation qu’ont bien voulu leur donner les artistes qui ont contribué à cette performance, c’est-à-dire celle de la capacité de se déplacer par soi-même et comment cette capacité évolue à travers le temps.

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La création artistique autour de la mort est immense, sans limite dans toutes les cultures et religions : tombes, mausolées, sculptures, peintures, monuments funéraires, performances artistiques, petits objets de toutes sortes qui s’y rapportent et aussi de mémoire et qui, à leur tour, symbolisent la brièveté de la vie, le passage du temps. Malgré cela, il ne s’agit pas d’espaces architecturaux et d’œuvres d’art que le public évite ; au contraire, ils sont bel et bien visités.

Tenue à Québec en 2017, la performance artistique Où tu vas quand tu dors en marchant ? abordait, entre autres, le thème du passage vers la mort. En fait, depuis des siècles, la mort et l’art sont liés, ce dernier servant de représentation qui exprime, entre autres, le passage à travers les différentes étapes de la vie qui se solde inéluctablement par la mort. Il en résulte un univers de manifestations que l’on pourrait bien appeler l’art de la mort. Toutefois, la personne en deuil est rarement le protagoniste de la représentation de la fin de vie, et la prestation offerte par Où tu vas quand tu dors en marchant ? n’échappe pas à ce genre de consensus non dit.

De même que les peintures prennent leur sens dans un monde de peintres, de collectionneurs, de critiques et de conservateurs, les photographies prennent leur sens de la manière dont les personnes qui les utilisent les comprennent, les utilisent et leur attribuent ainsi un sens. Pour le sociologue, les photographies ont une signification particulière qui renvoie forcément à ce qui fait société, ce qui rassemble, ce qui définit des champs particuliers de comportements.

© Texte : Pierre Fraser (PhD), 2018
© Photos : Pierre Fraser (PhD), 2017

quand la mobilité se réduit…

quand la fin approche…

quand la fin est honorée…

quand la fin est chantée…