Précarité au féminin

Son corps pour le paiement du loyer, sa propre précarité comme moyen de pression.

Production : Photo|Société
Réalisation : Pierre Fraser

Intervenante

  • Marielle Bouchard (collectif Rose du Nord)



La faim justifie les moyens

La faim, dans une société prospère comme le Québec, existe et exige une logistique sophistiquée de cueillette alimentaire auprès des épiceries.

Production : Photo|Société
Réalisation : Pierre Fraser

Intervenante

  • Hélène Vézina (coordonnatrice à l’approvisionnement,. Moisson Québec)


Inégalités sociales [vidéos]

Exclusion et stigmatisation

J’ai faim…

Les banques alimentaires sont l’un des secteurs économiques les plus en croissance au Québec.

Production : Photo|Société
Réalisation : Pierre Fraser

Intervenants

  • Pierre Gravel (directeur La Bouchée Généreuse)
  • Pierre Fraser (sociologue, directeur scientifique de la revue Sociologie Visuelle)


Inégalités sociales [vidéos]

Exclusion et stigmatisation

La haine du pauvre

Stigmatiser les gens les plus défavorisés est aussi une façon de se situer soi-même sur l’échelle sociale

Production : Photo|Société
Réalisation : Pierre Fraser

Participants

  • Martin Paquet (Radio X, Québec)
  • Mélanie (collectif Rose du Nord)
  • Diane (collectif Rose du Nord)
  • Pierre Gravel (directeur de La Bouchée Généreuse)

Inégalités sociales [vidéos]

Exclusion et stigmatisation

Pénaliser l’entraide

L’État québécois pénalise l’entraide envers les gens bénéficiant de l’aide sociale : si on est pauvre il faut le rester.

Production : Photo|Société
Réalisation : Pierre Fraser

Intervenants

  • Marie-Hélène (travailleuse sociale, Collectif Rose du Nord)
  • Mélanie (intervenante sociale, Collectif Rose du Nord)
  • Marielle Bouchard (directrice du Collectif Rose du Nord)

Inégalités sociales [vidéos]

Exclusion et stigmatisation

Le chien assis à la table

SOCIOLOGIE VISUELLE

au bistro un dimanche matin

Et c’est là où le chien assis à la table permet de mettre en image une situation sociale contrastée où la mixité sociale devient de plus en plus conflictuelle. Pour rappel, une situation sociale contrastée, dans le monde de la sociologie visuelle, renvoie à l’idée d’un moment photographique particulier où les différences entre classes sociales se manifestent de façon évidente, et ce montage photographique en rend compte.

Contraste social en devenir (1)

© Pierre Fraser

Situation sociale contrastée (2)

© Pierre Fraser

Le quartier Saint-Roch de la ville de Québec est un quartier en processus d’embourgeoisement depuis une quinzaine d’années. La mixité sociale, où la favorisation et la défavorisation sociale et matérielle se côtoient au quotidien, y a donc toujours été présente. Toutefois, depuis le déménagement dans ce quartier, en 2021, de la résidence Lauberivière pour personnes sans-abris, cette mixité est désormais au cœur de différentes préoccupations de la part de la population mieux nantie.

Alors que je déambulais sur la rue Saint-Joseph, ce qui m’a tout d’abord interpellé, c’était cet insolite en contexte, à savoir un chien assis à une table de bistro en compagnie de sa maîtresse. Toutefois, j’ai rapidement réalisé qu’une situation sociale contrastée allait se manifester (photo 1), alors qu’un habitant défavorisé du quartier s’avançait dans ma direction.

Du moment où l’homme dépassait le chien et sa maîtresse, j’ai capté ce moment où la rencontre de classes sociales différentes a lieu, alors que le chien me regarde, que l’homme passe son chemin sans se préoccuper du chien assis à la table, et que la propriétaire du chien jette un coup d’œil furtif à cet homme qui poursuit son chemin (photo 2).

Il va sans dire qu’une photographie n’est jamais tout à fait objective et qu’elle est aussi subjective, Objective, dans le sens où elle saisit la réalité objective d’un moment particulier, car elle encapsule un temps et un lieu, tout comme les valeurs culturelles et socioéconomiques d’une époque précise. Subjective, dans le sens où elle est le résultat d’un cadrage effectué par le photographe, car tout cadrage reflète forcément un choix délibéré en fonction du sujet traité.

Autrement, étant donné que la sociologie n’a pas à juger du «positif» ou du «négatif» d’un phénomène social, mais d’en expliquer ses rouages, il en va de même avec la sociologie visuelle, à la différence près qu’elle montre ces mécanismes à l’œuvre derrière un phénomène social précis.

© Pierre Fraser (PhD) / texte et photo, 2022

Cachez cette pauvreté…

Des « hordes en haillons » à l’assaut des bonnes gens. Si Louis-H. Campagna, citoyen engagé de Québec, parlait d’« un vieux rêve issue de vieilles idées, une palissade immobilière érigée afin de défendre les bonnes et honnêtes gens du Vieux-Port et du Vieux-Québec contre les hordes en haillons de St-Roch et de Limoilou », en tant que sociologue, je dois me rendre à une évidence : l’expression « hordes de haillons » vise le discours politicien de revitalisation des quartiers.

Depuis plus de 15 ans, le quartier St-Roch de Québec est en plein processus de revitalisation, et malgré tout, les « haillons » le hante toujours. Notre système économique a quelque chose d’irréductible : non seulement sécrète-t-il de la pauvreté, mais il en produit de plus en plus, inévitablement.

Si on se fie aux données publiées par l’économiste Thomas Picketty dans son livre intitulé Le capital au XXIe siècle, et j’en prends pour preuve cette photographie, ce cliché, qui a été pris le 12 mai 2016 sur le parvis de l’église St-Roch, alors que je m’y trouvais avec mes étudiants du cours Sociologie Visuelle, rend compte de toute l’ironie visuelle possible. Tout d’abord, l’homme, étendu sur son sac de couchage devant l’une des immenses portes fermées de l’église St-Roch. Deuxièmement, le balai, à droite, appuyé sur le porche. Troisièmement, le message affiché sur la porte qui enjoint les gens de donner à la paroisse pour l’entretien de l’église.

Ces trois composantes visuelles forment une situation sociale contrastée, en ce sens que ce « décor » se retrouve dans la portion revitalisée du quartier Saint-Roch de Québec où des commerces haut de gamme ont pignon sur rue à environ 15 mètres de l’homme couché sur l’une des marches du parvis de l’église.

Et l’ironie visuelle se trouve définitivement dans le balai, comme s’il suffisait de balayer les « haillons » pour s’en débarrasser. Au final, les « hordes de haillons » sont aussi irréductibles que la revitalisation qui veut les écarter du regard.

© Pierre Fraser (Ph.D.), sociologue / texte et photo