Saisir l’instant du passé

L’église Saint-Louis, nichée sur les rives du fleuve Saint-Laurent, est un symbole de l’âme québécoise, de sa profondeur, de sa complexité, de sa richesse. Elle est l’expression d’un peuple, d’une histoire, d’une foi, d’une identité.

© Pierre Fraser, 2018

Observation

Ce qui m’a toujours intrigué à propos de la pratique photographique, c’est qu’elle permet de plonger dans un passé toujours présent, c’est-à-dire que certains éléments du paysage datent d’une certaine époque, alors que d’autres éléments dans leur entourage se modifient ou s’ajoutent avec le temps. Autrement dit, la photographie permet d’encapsuler le passé en fournissant une image concrète et visuelle de moments passés, en préservant la mémoire, en transmettant l’histoire, en évoquant des émotions et en perpétuant l’héritage culturel. Par exemple, l’église Saint-Louis, nichée sur les rives du fleuve Saint-Laurent, est un symbole de l’âme québécoise, de sa profondeur, de sa complexité, de sa richesse. Elle est l’expression d’un peuple, d’une histoire, d’une foi, d’une identité.

Cette photo, prise un 4 septembre 2018 à l’Île-aux-coudres, cadre l’église Saint-Louis construite en 1885 tout au centre de la photo, alors que sur la gauche, une école à l’architecture typique des années 1950, occupe l’espace, et sur la droite, des maisons unifamiliales également à l’architecture typique des années 1950 se présentent. Au pied de la photo, un aménagement touristique rappelant le passé maritime de l’île et permettant d’avoir une vue sur la petite baie. De là, on peut dire que la photographie permet de transmettre des informations sur le passé et aide à raconter une histoire à propos d’événements historiques, de mouvements sociaux, de changements dans les paysages urbains ou naturels, etc.

Photo du jour

Une forêt de bâtiments, dense et compacte

Ces bâtiments sont aussi une manifestation physique de la hiérarchie économique et sociale qui existe dans notre société. Et pourtant, malgré leur séparation physique, ces bâtiments sont tous interconnectés, formant une toile complexe de relations sociales et économiques qui ne…

Dans la lumière du soleil, le béton

La lumière du soleil se jouait des aspérités rugueuses du béton, comme autant de petits jeux de miroirs. Elle se reflétait avec une étrange intensité, éblouissante et pourtant apaisante. Les ombres et les angles du bâtiment de verre semblaient dessiner…

Chutes de la Chaudière, saisir l’eau et l’horizon

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Selfie en mode touriste

© Olivier Moisan-Dufour, 2016 À Québec, chaque année, l’industrie du tourisme amène plusieurs groupes en provenance de différents pays. Les touristes asiatiques, bardés d’appareils photographiques de toutes sortes, se démarquent tout particulièrement, et les touristes japonais ne sont pas en…

Le pouvoir de l’image

Le visuel prédomine Citer cet articleVignaux, G., Fraser, P. (2021). « Le visuel est partout ». Revue de Sociologie Visuelle : Territoires visuels, vol. 1, n°1 , p. 19-22. ISBN : 978-2-923690-6-2. Dans un contexte où l’image est partout, où…

Le télétravail et ses repères visuels

Si l’ergonomie fait référence à la manière dont le bureau à domicile et le mobilier à installer sont conçus afin de garantir la santé physique et mentale des personnes, réduisant ainsi les risques et les blessures possibles, il va sans dire que la première étape pour obtenir un bureau à domicile ergonomique est vraisemblablement d’opter pour des meubles qui permettent une posture correcte, facilitant ainsi le repos du corps pendant les heures passées à travailler en position assise, tout en offrant une liberté de mouvement et des changements posturaux confortables et fluides qui favorisent le bien-être des personnes.

Adopter les comportements appropriés en matière de télétravail, d’où l’idée d’une bonne chaise ergonomique afin d’augmenter l’efficacité et la productivité. (© Photo : Actiu, Trim azul aluminio)

Avec l’introduction et la généralisation du télétravail, de nombreuses personnes passent leur journée de travail dans leur bureau à domicile. Mais « comment obtenir le bureau à domicile idéal, qui devient un espace de travail efficace et qui s’adapte aux dimensions et aux caractéristiques du logement ? Si l’ergonomie fait référence à la manière dont le bureau à domicile et le mobilier à installer sont conçus afin de garantir la santé physique et mentale des personnes, réduisant ainsi les risques et les blessures possibles, il va sans dire que la première étape pour obtenir un bureau à domicile ergonomique est vraisemblablement d’opter pour des meubles qui permettent une posture correcte, facilitant ainsi le repos du corps pendant les heures passées à travailler en position assise, tout en offrant une liberté de mouvement et des changements posturaux confortables et fluides qui favorisent le bien-être des personnes1. » On reconnaît donc là tous les lieux communs liés à la notion d’ergonomie et de télétravail. Du point de vue de la sociologie visuelle, on reconnaît également là les 4 fonctions d’un repère visuel, à savoir :

  • signaler en vue de l’accomplissement d’actions ou suggérant l’opportunité d’actions ; dans le cas présent, il est essentiel de prendre en considération le nombre d’heures par jour que nous passons assis sur notre chaise de bureau à domicile, donc de l’éventuelle nécessité d’investir dans une chaise ergonomique ;
  • localiser d’autres repères qui doivent déclencher une action (le repère est élément de réseau), c’est-à-dire, dans un contexte de télétravail, s’ajoutent les risques liés à une mauvaise posture : un dos voûté ou des points de pression localisés en position assise peuvent entraîner de graves problèmes de santé à moyen ou long terme ;
  • confirmer qu’un individu adopte les comportements appropriés, et c’est pourquoi il serait essentiel d’investir dans une bonne chaise de bureau ergonomique ;
  • combler certaines attentes, c’est-à-dire que, dans un tel cas de figure, la prise en compte de l’ergonomie dans le bureau à domicile n’apporte pas seulement des bénéfices pour la santé à moyen et long terme, car l’accent mis sur le confort et l’ergonomie de l’espace de travail à domicile améliore et prolonge le temps de concentration et réduit les interruptions et les distractions dues aux déplacements et aux repositionnements.

Autrement dit, l’ensemble des 4 fonctions des repères visuels liés à une chaise ergonomique doivent avant tout répondre à des objectifs d’efficacité et de productivité, les maîtres-mots d’un monde du travail en constante mutation. On dira donc, du point de vue de la sociologie visuelle, que les repères visuels de l’ergonomie dans un bureau visent non seulement à proposer d’améliorer la qualité de la vie professionnelle des personnes (en leur apportant confort et sécurité et en améliorant l’environnement de travail, tant dans les équipes de bureaux ouverts que dans le cadre du télétravail), mais visent aussi à faire en sorte que le travailleur, en voyant une chaise ergonomique, sache qu’il se trouvera dans un environnement idéal et bien équipé, avec tous les éléments pour profiter d’une journée de travail où la santé et le bien-être seront pris en charge ; conséquemment, l’efficacité et les performances augmenteront inévitablement. C’est bien ce à quoi prétendent les repères visuels d’une bonne chaise ergonomique.

Référence
1 Actiu (2022, 9 août), ¿Por qué es importante la ergonomía en la oficina en casa?.

Un monde du travail en mutation

Un monde du travail en mutation (documentaire)

Nouvelles logiques de marché, mondialisation accrue, changements technologiques, nouvelles pratiques managériales, transformations des attitudes de la main d’œuvre à l’égard du travail. PRODUCTION INTERVENANTS Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Les transformations contemporaines du rapport au travail (colloque)

Les conditions économiques et culturelles qui façonnent les attitudes et les comportements au travail, de même que la place et le sens que revêt celui-ci chez les individus, se sont profondément transformées. PRODUCTION Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Plateformes de partage, la dimension cachée du travail

Les plateformes s’affichent comme des intermédiaires neutres, mais elles dissimulent des structures hiérarchiques et des liens de subordination plus importants qu’on ne pourrait le croire. PRODUCTION INTERVENANT Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Libéralisation des services

Le secteur des services n’échappe pas à la libéralisation, où l’évaluation du rendement s’infiltre de plus en plus. PRODUCTION INTERVENANTS Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Libéralisation des marchés

Flexibilité, évaluation du rendement, performance, nouveaux types de relation au travail. PRODUCTION INTERVENANTS Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Nouvelles pratiques managériales

De nouvelles pratiques managériales se sont implantées qui renvoient vers l’employé sa propre autonomisation. PRODUCTION INTERVENANTS Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Une forêt de bâtiments, dense et compacte

Ces bâtiments sont aussi une manifestation physique de la hiérarchie économique et sociale qui existe dans notre société. Et pourtant, malgré leur séparation physique, ces bâtiments sont tous interconnectés, formant une toile complexe de relations sociales et économiques qui ne peut être ignorée.

ces bâtiments sont tous interconnectés, formant une toile complexe de relations sociales et économiques qui ne peut être ignorée.

De la basse-ville de Québec, les bâtiments se dressent comme autant de tours dans un paysage urbain dense. On peut y voir une véritable forêt d’édifices représentant un monde à part entière. Mais en regardant plus attentivement, on se rend compte que ces bâtiments, plus que de simples simplement des structures inertes et inanimées, ne sont pas simplement des constructions physiques : ils racontent aussi une histoire de la stratification sociale, constituent une toile complexe de relations sociales et économiques. Chacun de ceux-ci abrite des individus et des organisations qui interagissent entre eux, créant ainsi des liens économiques, sociaux et culturels entre les différentes couches de la société. En outre, ces bâtiments témoignent de l’histoire de la ville, de ses changements économiques et de ses transformations sociales. Les immeubles anciens ont souvent été réaménagés et rénovés pour s’adapter aux besoins de la société actuelle, tandis que les nouveaux bâtiments reflètent les tendances architecturales contemporaines et les nouvelles technologies.

Dans l’ensemble, la toile complexe de relations sociales et économiques tissée par ces bâtiments ne peut être ignorée. Elle est une manifestation tangible de la vie sociale, économique et culturelle de la ville de Québec et de la société dans son ensemble.

© Pierre Fraser (PhD, sociologue), texte et photo – 2020
Photo : Depuis la Gare du Palais de Québec, 20 mai 2018

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Le télétravail et ses repères visuels

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Quand la soupe devient une expérience d’achat

Les produits Leader Price vendus au Québec , à moins que le consommateur québécois ne le sache pas, sont des produits d’entrée de gamme en France. D’ailleurs, Leader Price se positionne comme « une enseigne où l’on peut concilier prix bas et plaisir » et c’est « le…

L’huile d’olive comme produit de distinction sociale ?

L’huile d’olive, par seule mise en marché à travers son marketing, signale l’accomplissement d’actions ou suggérant l’opportunité d’actions. Si le statut social peut influencer l’alimentation de différentes façons, le niveau de revenu et l’accès aux ressources financières peuvent également affecter les choix alimentaires des individus.…

La faim a-t-elle un visage ?

Au Québec, en date de novembre 2022, 1 citoyen sur 4 éprouvait non seulement de la difficulté à s’alimenter sainement, mais éprouvait surtout de la difficulté à acheter des aliments afin de combler un besoin aussi élémentaire que celui de se nourrir. La vidéo de…

Franges visuelles

Définition Une frange visuelle prend généralement la forme d’un terrain en friche ou d’un bâtiment à l’abandon. Ses limites sont à la fois précises et imprécises. Précises, dans le sens où elles sont géographiquement circonscrites. Imprécises, dans le sens où elles ne sont pas tout…

Dans la lumière du soleil, le béton

La lumière du soleil se jouait des aspérités rugueuses du béton, comme autant de petits jeux de miroirs. Elle se reflétait avec une étrange intensité, éblouissante et pourtant apaisante. Les ombres et les angles du bâtiment de verre semblaient dessiner une partition de lumière sur les fenêtres du palais de justice, comme si chaque courbe et chaque ligne avaient été pensées pour révéler la beauté de ce rayonnement.

La lumière du soleil se jouait des aspérités rugueuses du béton

La lumière du soleil se jouait des aspérités rugueuses du béton, comme autant de petits jeux de miroirs. Elle se reflétait avec une étrange intensité, éblouissante et pourtant apaisante. Les ombres et les angles du bâtiment de verre semblaient dessiner une partition de lumière sur les fenêtres du palais de justice, comme si chaque courbe et chaque ligne avaient été pensées pour révéler la beauté de ce rayonnement. On aurait dit que le béton, loin de s’opposer à la lumière, se laissait habiller de sa clarté, la magnifiant à chaque instant. Les reflets chatoyants donnaient l’impression que le bâtiment vibrait d’une vie nouvelle, empreinte de poésie et de mystère. On pouvait se perdre des heures à contempler ce spectacle fascinant d’un matin de printemps, à la fois éphémère et éternel, qui semblait nous inviter à la contemplation et à la rêverie. Dans cette lumière rugueuse si particulière, le béton se révélait être bien plus qu’un simple matériau de construction : il était devenu une œuvre d’art à part entière, une invitation à la contemplation du monde moderne.

© Pierre Fraser (PhD, sociologue), texte et photo – 2020
Photo : Palais de justice de Québec, 20 mai 2018

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Saisir l’instant du passé

L’église Saint-Louis, nichée sur les rives du fleuve Saint-Laurent, est un symbole de l’âme québécoise, de sa profondeur, de sa complexité, de sa richesse. Elle est l’expression d’un peuple, d’une histoire, d’une foi, d’une identité. Observation Ce qui m’a toujours intrigué à propos de la…

La jeune femme chic

Stratification sociale Le statut socio-économique d’une personne se reflète non seulement dans des indices subtils tels que certains mouvements du corps lorsqu’elle est en relation avec d’autres personnes, mais aussi dans le fait que les inégalités sociales sont reproduites par le corps d’où l’idée que…

Gymnase urbain

À l’inverse des pratiques sportives en milieu fermé, le sport dans les espaces ouverts offre certains avantages pour de nombreuses personnes et cela se reflète dans le milieu urbain où de plus en plus de personnes pratiquent un sport dans des espaces ouverts plutôt que…

Sirène aux abords du fleuve Saint-Laurent

Sirène aux abords du fleuve Saint-Laurent Art en contexte, sculpture intégrée dans son milieu, immensité du fleuve Saint-Laurent, l’Île-aux-coudres réserve des joyaux visuels à qui sait les repérer. Cette sirène, à gauche de la photo, installée sur un terrain privé longeant le Chemin de la…

Sur un déambulateur

Mise en récit : ces deux photos doivent conduire à une mise en récit qui intègre les deux étapes précédentes, c’est-à-dire que ces deux photos, d’une part, ont délibérément été choisies pour raconter quelque chose de cohérent — cohérence qu’il s’agit de restituer —, et…

Chutes de la Chaudière, saisir l’eau et l’horizon

La photographie est un moyen de capturer et de partager la beauté du monde qui nous entoure. Les photographies esthétiques peuvent montrer des paysages à couper le souffle, des moments uniques et inoubliables, des détails artistiques, des motifs visuels, etc.

La photographie est un moyen de capturer et de partager la beauté du monde qui nous entoure

Au bas de la chute, l’esprit se perd dans un tourbillon de sensations. L’eau qui tombe et se brise contre les rochers, la vapeur qui s’élève en nuages mouvants, l’odeur de l’humidité et de la vie végétale. Là où se marie l’horizon du ciel et de l’eau qui coule, l’œil ne peut s’empêcher de se perdre dans la profondeur de l’infini.

Le regard se fixe sur la chute d’eau, capturé par sa danse éternelle. Il suit le flux et reflux de l’eau, sa chute libre, sa rencontre avec les rochers en contrebas. Et puis, il se lève, porté par la perspective infinie de l’horizon. Le ciel s’étend devant lui, immense et ouvert, un appel vers l’inconnu.

C’est un endroit où les éléments se rencontrent, où le temps et l’espace se confondent. L’eau et le ciel, le mouvement et l’immobilité, la chute et l’élévation. Ici, les opposés se complètent, se fondent en une seule et même expérience.

La perception se transforme, se métamorphose en quelque chose de plus profond. L’œil voit, mais l’esprit perçoit. Il est saisi par l’énergie brute de la nature, par la beauté pure de la création. Le temps s’arrête, la réalité se dissout, et le monde extérieur s’efface dans une étreinte avec le divin.

C’est à cet endroit, au bas de la chute, que l’on peut toucher du doigt l’éternité. C’est là que l’on peut se connecter avec le cosmos, avec l’univers qui nous entoure. C’est là que l’on peut goûter la véritable essence de la vie.

© Pierre Fraser (PhD), sociologue / texte et image, 2018

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Le chien assis à la table

SOCIOLOGIE VISUELLE au bistro un dimanche matin Et c’est là où le chien assis à la table permet de mettre en image une situation sociale contrastée où la mixité sociale devient de plus en plus conflictuelle. Pour rappel, une situation sociale contrastée, dans le monde…

Cachez cette pauvreté…

Des « hordes en haillons » à l’assaut des bonnes gens. Si Louis-H. Campagna, citoyen engagé de Québec, parlait d’« un vieux rêve issue de vieilles idées, une palissade immobilière érigée afin de défendre les bonnes et honnêtes gens du Vieux-Port et du Vieux-Québec contre les hordes en…

Des pigeons et une soupe Campbell’s

L’insolite en contexte survient du moment où un ensemble de repères visuels déstabilisent l’environnement visuel immédiat.

L’insolite en contexte survient du moment où un ensemble de repères visuels déstabilisent l’environnement visuel immédiat

L’art urbain a cette capacité, par ses installations et ses performances, de déconstruire ou reconstruite ce qui constitue nos repères visuels au quotidien.

Cette œuvre artistique avait été installée en 2018 au parc de la Pointe-aux-Lièvres (Québec) dans une ancienne zone industrielle requalifiée en quartier d’habitations. Avec ses pigeons surdimensionnés (2 mètres), cet oiseau urbain typique et souvent considéré comme nuisible, et sa boîte de soupe Campbell’s, symbole emblématique du pop art des années 1960 mené par Andy Warhol, renvoie à une certaine occupation du territoire géographique (pigeons) et à une certaine occupation de l’imaginaire collectif (boîte de soupe Campbell).

© Pierre Fraser (PhD), sociologue / texte et image

Simplicité et Inventivité architecturale

Les architectes et designers suédois, reconnus pour leur design innovant et conceptuel, ainsi que pour leur approche minimaliste et épurée, largement inspirée de la culture scandinave, ont cette capacité à joindre à la fois la simplicité et l’efficacité. Par exemple, cette maison, élaborée par la firme suédoise Claesson Koivisto Rune, a été «conçue» à partir de règles de zonage inhabituellement strictes.

Claesson Koivisto Rune est une entreprise suédoise de design et d’architecture fondée en 1995 par les designers Mårten Claesson, Eero Koivisto et Ola Rune. La particularité de cette entreprise réside dans son approche multidisciplinaire du design, qui couvre un large éventail de domaines, allant de l’architecture à la conception de mobilier, en passant par la création de produits, de graphismes et de stratégies de marque.

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Les architectes et designers suédois, largement inspirés de la culture scandinave et reconnus pour leur design innovant et conceptuel ainsi que pour leur approche minimaliste et épurée, ont cette capacité à joindre à la fois la simplicité et l’efficacité. Par exemple, cette maison, élaborée par la firme suédoise Claesson Koivisto Rune, a été «conçue» à partir de règles de zonage inhabituellement strictes. Le site, situé à côté de la grande rivière Lule älv, se trouve dans le nord de la Suède, juste au sud du cercle polaire. La réglementation locale prévoyait une maison d’une hauteur maximale de seulement 4,2 mètres. Elle stipulait également que la maison devait avoir un toit rouge.

Cela étant précisé, l’un des reproches le plus souvent fait à l’endroit de la conception architecturale au Québec se résume simplement : le manque d’imagination quant à l’utilisation des volumes et leur disposition. Ici, les architectes ont donc su jouer avec la disposition des espaces en créant deux volumes trapézoïdaux orientés dans des directions opposées. Autrement, le plus grand volume constitue l’espace de vie, orienté vers la rivière, et le plus petit comporte un garage et un sauna avec une terrasse sur le toit.

Toutefois, il est important de noter que l’architecture est une discipline qui est souvent encadrée par des normes et des réglementations, en particulier en matière de construction. Celles-ci peuvent limiter la créativité des architectes dans certains aspects du processus de conception, comme les dimensions maximales d’un bâtiment ou les restrictions sur les matériaux de construction. Ces limites peuvent être renforcées par des exigences économiques et de rentabilité, ainsi que par les attentes des clients.

En revanche, on peut donc se demander qu’est-ce qui empêcherait bien un promoteur immobilier de concevoir un tel type de maison ?

© Texte : John Astbury, 2023
© Photos : Claesson Koivisto Rune, 2022

La photographie est-elle objective ?

© Photo : Pierre Fraser (PhD), sociologue, 2018

Repères visuels de la défavorisation

Objectivité ou subjectivité ?

Tout d’abord, par toute l’objectivité dont la photo est porteuse — enregistrement tangible d’un événement qui s’est produit à un moment ou l’autre dans un contexte social donné —, par toute la subjectivité qui imprègne aussi la photo — invariable reflet du point d’attention de celui qui a tenu la caméra et de ce qu’il voulait cadrer et montrer —, l’image constitue inévitablement un ensemble de processus très subjectifs complexes (l’intangible) encapsulés temporellement dans une forme incroyablement objective (le tangible), de là tout l’intérêt de l’analyse sociologique à travers un corpus visuel.

Une photo est-elle objective ?
En fait, une photo est à la fois une combinaison
complexe d’objectivité et de subjectivité.

Ce qui rend une photo objective répond essentiellement à quatre critères : (i) la visibilité (caractéristiques morphologiques), (ii) la distinctivité des caractéristiques morphologiques (on ne peut les confondre avec d’autres), (ii) la pertinence des caractéristiques morphologiques (ce à quoi elles servent), la disponibilité des caractéristiques morphologiques (elles sont caractéristiques d’un environnement social donné).

Ce qui rend une photo subjective relève de deux critères : l’intention de celui qui a cadré et le regard de celui qui examine la photo. Et c’est là où intervient la sociologie visuelle, car elle se situe dans une démarche de construction d’images pour expliquer les phénomènes sociaux, étudier les tendances sociales, les comportements et les idées. Si l’objectif de la sociologie visuelle est d’utiliser ces images pour comprendre le monde social, elle peut aussi montrer et expliquer certains phénomènes sociaux afin d’atténuer la dimension subjective et de ses impacts négatifs. La photographie, en matière de sociologie visuelle doit informer et non construire ou renforcer les préjugés. Défi de taille s’il en est..

© Texte : Pierre Fraser (PhD), sociologue, 2023

Henri Cartier-Bresson, mise en pratique (2)

Dans quelle mesure Henri Cartier-Bresson a-t-il été influencé par le mouvement surréaliste pour élaborer le concept de «l’instant décisif» ? Telle est la question que l’un de mes étudiants m’avait posé quelques jours avant une journée consacrée à la prise de photos sur le terrain dans le cadre du cours «Sociologie Visuelle» que j’enseignais à l’Université Laval. Il est tout à fait plausible d’avancer l’idée qu’Henri Cartier-Bresson a été fortement influencé par le mouvement surréaliste dans l’élaboration de son concept de «l’instant décisif». Pourquoi ? Parce que le surréalisme mettait l’accent sur l’importance de saisir les moments imprévus et surprenants de la vie quotidienne, idée reprise par Cartier-Bresson dans sa propre approche photographique. Également inspiré par les idées surréalistes sur la correspondance entre les choses et les événements, Cartier-Bresson a ainsi aligné sa recherche de relations visuelles et significatives dans ses propositions visuelles.

Cette volonté de Cartier-Bresson à mettre en valeur l’importance de capturer des moments uniques et significatifs n’est pas anodine en ce qui concerne la pratique de la sociologie visuelle, car l’instant décisif peut effectivement mener à montrer des situations sociales contrastées. Par exemple, la photo de gauche, représentant un homme qui quémande un repas, tout comme la vidéo ci-dessous, sont significatives en ce sens [lire la suite].

Henri Cartier-Bresson, mise en pratique (1)

Mur de Berlin, Berlin ouest, Allemagne, 1962
tirage argentique, image/feuille : 29.9 x 19.6 cm. (11 ¾ x 7 ¾ in.)
Collection Charles-Henri Favrod, Suisse
© Henri Cartier-Bresson

Mes étudiants me demandaient parfois, dans le cadre du cours «Sociologie Visuelle» que j’enseignais à l’Université Laval, si la photographie d’Henri Cartier-Bresson pouvait être qualifiée de sociologique ? En fait, si la pratique photographique de Cartier-Bresson a souvent été considérée comme étant influencée par la sociologie, en raison de son intérêt pour la capture de moments quotidiens et de scènes de la vie quotidienne, il est peut-être plus approprié de dire que sa photographie reflète des préoccupations sociologiques plutôt que d’être qualifiée de sociologique, puisque Cartier-Bresson n’a pas explicitement étudié la sociologie.

Toutefois, faut-il ici préciser que Cartier-Bresson a fortement été influencé par le mouvement surréaliste et le concept de «l’instant décisif» qui met en valeur l’importance de capturer des moments uniques et significatifs. Et la chose n’est pas anodine en ce qui concerne la pratique de la sociologie visuelle, car l’instant décisif peut effectivement mener à montrer des situations sociales contrastées. Par exemple, la photo ci-dessous, représentant une femme et un chien assis à une table de bistro, représente bien cet instant décisif qui souligne en même temps une certaine position sur le gradient social [lire la suite].